Vincent Fillon, photographe d'architecture et chasseur de fantômes

Rencontres / Publié le 01 Décembre 2021

À 44 ans, diplômé de l’École nationale supérieure Louis-Lumière, le photographe Vincent Fillon partage son temps entre des travaux de commande d'agences d'architecture et d'institutions culturelles et des séries plus personnelles. Sa démarche artistique explore le rapport au temps, la mutation architecturale des espaces et la mémoire des lieux. Qu'ils soient urbains ou naturels, ses paysages sont traversés de fantômes.

Vincent Fillon, photographe d'architecture et chasseur de fantômes

"Better City, better Life" : la ville entre deux âges

La première série personnelle de Vincent Fillon (2010) immortalise la rue Waicangqiao à Shanghai, juste avant l'arrivée de l’Exposition Universelle, témoignant des derniers vestiges d'un patrimoine chinois en voie de disparition. L'intitulé "Better City, Better Life" n'est autre que le slogan de l’Exposition Universelle. Dans cette ville en devenir, entre hauts immeubles lointains et maisons démolies, le photographe saisit le temps et la vie suspendus.
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Crédit photos : "Better City Better Life" @ Vincent Fillon

"Entre-deux" : radiographie d'une réhabilitation

En 2013, l'artiste photographie l'intérieur de bâtiments désaffectés en attente de réhabilitation. Cette série de clichés baptisée "Entre-deux", capture là encore un moment suspendu, où le lieu nu, dépourvu de meubles et objets comme de toute présence humaine, a perdu toute fonction, avant de s'en approprier une nouvelle. La technique de surimpression, superposant deux clichés, recompose les volumes et les perspectives. Ce travail a été récompensé par le prix SFR Jeunes Talents et exposé aux Rencontres de la photographie d’Arles.
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Crédit photos : "Entre deux" @ Vincent Fillon

En tant que photographe d’architecture, je photographie volumes, perspectives, espaces, matières… en tant que photographe auteur, j’ai souhaité manipuler ces éléments, les transformer en matière première d’une nouvelle œuvre.

"City One" : 52 tours à Hongkong

Pour la série 'City One', Vincent Fillon a shooté sous tous les angles un quartier de Hong Kong, où cinquante-deux tours identiques barrent l'horizon. L'imposante masse des immeubles, leur implacable géométrie, l'alignement de fenêtres répété à l'infini absorbent le regard. La puissance graphique des images et l'absence de figure humaine occultent la dimension habitat. La ville devient pure attraction.
Vincent Fillon, photographe d'architecture et chasseur de fantômes
Crédit photos : "City one" @ Vincent Fillon

"We where here", quand l'Homme habitait la Nature

Changement radical de décor avec la série 'We where here', qui interroge le rapport entre l'Homme et la Nature. Vincent Fillon nous entraîne loin des paysages urbains, au cœur d'une forêt obscure, éclairée par des artefacts lumineux – un cube posé au sol, un tube fluorescent, un rai de lumière. Autant d'indices récurrents de l'existence de l'Humanité, qui brille pourtant ici par son absence. 'We where here' nous ramène aux temps immémoriaux de la préhistoire, lorsque l'Homme habitait la Nature sans la dénaturer, trouvant refuge dans la forêt et les grottes… À moins qu'il s'agisse de nous projeter dans le futur, dans une planète dévastée hantée par de rares survivants.

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Crédit photos : "We were here" @ Vincent Fillon

"Monolithes" oniriques

Sa dernière série en date (2019), intitulée ‘Monolithes’, prend le contrepied de la représentation en photographie d’architecture. « Lors d'une séance de prises de vues en photographie d’architecture, j’arpente le territoire, je cherche un point de vue, mais cette fois, je photographie un objet qui n’existe pas. La finalité n’est pas de représenter le réel mais de documenter une scène fictionnelle. »
 
Vincent Fillon l'admet, ces formes apparaissent au gré de ses voyages et de ses envies. "Plaisir de l’auteur, là où je vais, ils sont là, immuables, majestueux, et je suis le seul à les voir". Son secret pour les imprimer sur la pellicule ? "Quelques potions ancestrales à bases de sels de fers font apparaitre l’image latente de ces formes fantomatiques. Les monolithes ne sont donc pas faits de pixels et le grain de la photographie veut nous faire croire à une photo argentique. »

Pour ajouter à la confusion entre fiction et réalité, entre représentation et imagination, il arrive que ses monolithes viennent hanter certains clichés anciens, issus de séries antérieures de l'artiste (City One, Entre-deux, Better City Better Life). Ce travail est visible en ce moment à la Little Big Galerie à Paris.
Vincent Fillon, photographe d'architecture et chasseur de fantômes
EXPOSITION VINCENT FILLON
"Monolithes"
LITTLE BIG GALERIE
Du 6 Novembre au 5 Décembre 2021
45 rue Lepic - 75018 PARIS
Source/en savoir plus
vincent-fillon.fr
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