Le 18 février, Emmanuelle Wargon, ministre déléguée auprès de la ministre de la transition écologique, chargée du Logement, annonçait les derniers ajustements concernant le texte de la RE2020, décidés en concertation avec le Conseil supérieur de la construction et de l’efficacité énergétique (CSCEE). Ce nouveau référentiel s'appliquera progressivement à toutes les constructions neuves à partir du 1er janvier 2022 et par paliers en 2025, 2028 et 2031, pour laisser le temps aux professionnels de s'adapter à ces nouvelles exigences environnementales.
Quelles sont les ambitions de la RE 2020 ?
Prendre en compte tout le cycle de vie du bâtiment
De l'extraction des matières premières à la démolition du bâtiment, en passant par la fabrication des matériels et équipements, le chantier de construction et la phase d'exploitation, ce sont en moyenne cinquante années d'émissions de CO2, qui entreront dans le bilan carbone. Celui-ci sera calculé selon la méthode de l'analyse en cycle de vie dynamique (ACV dynamique) et exprimé en kgCO2/m2. Cette exigence oblige chaque acteur de la chaine immobilière : en amont de la construction, fournisseurs et fabricants doivent innover pour diminuer drastiquement l'empreinte carbone des matériaux et équipements. Les concepteurs seront tenus de faire la chasse aux émissions carbonées, au niveau du choix de matériaux, du mix énergétique, mais aussi en anticipant le démontage du bâtiment, le recyclage et le réemploi des matériaux, dans un schéma d'économie circulaire.
Diversifier les matériaux et les modes constructifs
La RE 2020 prône la "mixité des matériaux". L'objectif est de sortir des modes constructifs traditionnels à fortes émissions carbonées, en favorisant le recours aux matériaux biosourcés (bois, bambou…) ou géosourcés (pierre de taille, terre crue…). Les matériaux usuels (brique, parpaing et béton) seront toujours utilisables, à condition de réduire leur empreinte carbone. Sur le seul volet construction (incluant les émissions liées au chantier), l'objectif à l'horizon 2031 est d'abaisser le seuil d'émission de CO2 au m2 de 30 %. En maison individuelle, le seuil maximal d’exigence carbone passera ainsi de 640 en 2022 à 415 kgCO2/m2 à partir de 2031. En logement collectif, il passera de 740 à 490 kgCO2/m2/an.
Sobriété énergétique et confort thermique en été
Pour encourager la sobriété énergétique des bâtiments, la RE introduit un seuil maximal des GES imputables aux consommations d’énergie. Il s'agit à terme d'éradiquer les énergies fossiles de l'immobilier neuf, en particulier le chauffage au gaz, qui concerne encore trois quarts des projets de logements collectifs. Pour les maisons individuelles neuves, où les solutions non alternatives sont légion (pompe à chaleur, chaudière biomasse), le seuil est fixé à 4 kgCO2/m2/an au 1er janvier 2022 (sauf permis de construire déposés avant le 31/12/2023). En logement collectif, la transition énergétique se fera par paliers entre 2022 (seuil autorisé de 14 kgCO2/an/m2) et 2025 (6,5 kgCO2/m2/an), ce qui exclut à terme le chauffage 100% gaz, au profit de systèmes plus vertueux (solutions hybrides, réseaux de chaleur, biométhane...).
Autre aspect inédit de la RE2020, les constructions neuves devront être conçues pour maintenir le confort thermique des logements, en été comme en hiver. Cette exigence nouvelle repose sur un indicateur, le besoin bioclimatique, ou Bbio, qui traduit le besoin en énergie d’un bâtiment pour garantir une température intérieure confortable en toutes saisons. Ainsi, la nouvelle norme prendra en compte le besoin de froid (Bbio froid), pour faire face aux fortes chaleurs et canicules, toujours plus fréquentes.