L'Odyssée sensorielle : l'exposition plus vraie que nature sur la biodiversité

Le Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris (MNHN) propose un parcours immersif au cœur de la biodiversité de notre Planète. L'exposition entend nous extraire, le temps de la visite, de notre condition humaine, pour nous faire découvrir 'de l'intérieur' différents écosystèmes et nous révéler les merveilles de la nature en nous plaçant à hauteur d’animal et de végétal. Côté technique, six années de travail ont été nécessaires pour mettre au point ce parcours multi-sensoriel, réalisé en collaboration avec Sensory Odissey. L’installation allie des projections en très haute définition sur écrans géants à la diffusion de sons et d'odeurs spatialisés. Bruno David, le président du Muséum, revendique un nouveau type d’exposition, qui n’est pas de la réalité virtuelle mais est conçu "à partir d’images réelles qui ont été filmées dans le vrai monde et validées par les scientifiques du Muséum."

Au cours de ce périple au cœur du vivant, de l'Afrique tropicale à l'Océan arctique, on croise toutes sortes de milieux naturels et d'espèces végétales ou animales évoluant dans l'air, dans la terre ou dans l'eau. On patauge d'abord au bord d'un lac kenyan, au beau milieu d'une colonie de flamants roses. Autre plan d'eau, autre ambiance, on se retrouve tel un herbivore s'abreuvant de nuit dans un plan d'eau, cerné par l'odeur d'un fauve et les bruits inquiétants des animaux de la savane. Plus loin, nous voici propulsés dans les airs, dans la canopée de la forêt tropicale guyanaise, ou dans la vision d'un paysage nocturne tel que le perçoivent les chauve-souris qui se guident aux ultrasons. On plonge aussi dans la vie sous terre, en compagnie des vers, des taupes et des fourmis, dans une odeur saisissante d'humus et de champignon. La remontée en surface se fait au milieu d'une prairie odorante qui pullule d’insectes, donnant l'impression de rejouer une séquence du film Micropolis. Puis direction l'Océan, au cœur des récifs coralliens et auprès des cachalots. L'odyssée s'achève dans le Grand Nord. Le spectacle saisissant d'énormes pans de glaciers qui s'effondrent et de rares animaux égarés dans l’été arctique, rend explicite la menace du réchauffement climatique.
 

"L'idée est de plonger les visiteurs dans la nature qui les entoure mais qu'ils ne voient pas, soit parce qu'elle est sous les sols, dans les prairies… soit parce qu'elle est lointaine, comme la canopée de la forêt tropicale ou les glaces de l'Arctique" explique Marc-André Selosse, co-commissaire de l'exposition sur TV5 Monde. L'expérience vaut mille mots : l'objectif est de se (re)connecter à notre environnement sans passer par l'intellect mais en s'adressant à nos émotions, par le biais d'images, de sons et d'odeurs. En recréant ainsi le lien instinctif et viscéral qui nous unit à la nature, les concepteurs de l'exposition assument une vision prosélyte de l'écologie. Au-delà du côté divertissant, l'exposition vise à "préparer les citoyens à comprendre des gestes écologiques et politiques forts, qui changent nos habitudes. Pour accepter cela, il faut éduquer le citoyen, car on ne peut pas protéger ce qu'on ne connaît pas. On ne peut pas faire des choix politiquement ou économiquement difficiles s'il l'on ne sait pas précisément de quoi il s'agit."

Après l'émotion, place aux explications. Le parcours se termine par un espace muséographique classique, fait de dispositifs interactifs, fresques illustrées et présentation de spécimens naturels. Il permet au visiteur de décrypter l’expérience immersive qu'il vient de vivre, en resituant les lieux traversés, en décrivant les espèces et les phénomènes naturels observés. L'occasion aussi de réfléchir à la place de l'espèce humaine dans la nature, et de mesurer les enjeux du développement durable.