Expo « Quand la forme parle. Nouveaux courants architecturaux (1995-2020) » - L'architecture contemporaine japonaise décryptée

Au tournant du 21^e siècle, l’éclatement de la bulle spéculative des années 90, le séisme de Kobe (1995), puis le tsunami de 2011 et l'explosion de la centrale de Fukushima ont meurtri l'économie et la société japonaise. Cette succession d'événements dramatiques a fortement marqué les jeunes architectes démarrant alors dans le métier.
 

Forcée de composer avec la crise économique, et se sentant investie d'une nouvelle responsabilité sociale et écologique, la jeune garde des architectes rompt alors avec l’approche de ses aînés, stars de leur discipline tous auréolés du Pritzker (Kenzo Tange, Toyo Ito, Tadao Ando, etc.). Sonnant la fin du postmodernisme et du déconstructivisme, les créateurs se détournent des formes sculpturales et de la course aux bâtiments iconiques, pour renouer avec les fondamentaux de l’architecture japonaise. Tout en usant des techniques d'aujourd'hui, ils consacrent le retour aux savoir-faire anciens, aux matériaux traditionnels, à commencer par le bois, et aux formes vernaculaires, pour répondre aux besoins constructifs de leurs contemporains et aux défis environnementaux actuels et futurs.

L'exposition frappe par la variété des propositions créatives. Elle réunit plus de 64 projets de 35 architectes, construits à Tokyo et dans toutes les provinces du Japon, sous forme de maquettes, plans, photos et vidéos. Au fil de la visite, les thèmes de prédilection de l'école japonaise contemporaine émergent. L'osmose avec la nature et la passion pour le bois sont illustrées par les maisons forêt d'Akiko Miya (Retraite en montagne à Nasu) et des habitats dans les arbres (Maison G de l’agence Mikan). La quête de sobriété se manifeste dans le design de Growtecture B, un ensemble de tours aux formes pures, circonscrites dans une coque en métal (Shuhei Endo, 2015). Enfin, cette manière unique de convoquer la poésie et les traditions propre à l'art japonais, éclate dans ces écoles formant un chapelet d'îlots circulaires, dont les toits évoquent des pagodes ou des wagasa, les ombrelles traditionnelles en papier et bambou (Tezuka Architects).
Au-delà de leur variété et des contextes dans lesquels ils s'inscrivent (rural, urbain, résidentiel, quartier d'affaires ou équipements collectifs), ces projets partagent la même ambition : celle d'une intégration harmonieuse dans son environnement, en restant connecté avec les besoins et les spécificités des communautés locales. En cela, l'architecture japonaise contemporaine s'impose plus que jamais comme un modèle d'architecture durable.