Reportée d'un an pour cause de crise sanitaire, la 17e Biennale d'architecture de Venise se tient jusqu'au 21 novembre 2021, sur le thème "Comment vivrons-nous ensemble ?". Visite guidée de quelques pavillons, images d'un habitat plus résilient, centré sur l'humain et le développement durable.
Cette 17e édition, imprégnée par la crise climatique et ses conséquences, prône une architecture circulaire. Les matériaux renouvelables, réutilisables et recyclables, les constructions économes en ressources et en eau, et les nouvelles formes d'habitat, partagées et participatives, y sont légion.
Le bois en vedette
Les États-Unis rendent hommage au bois, qui représente aujourd’hui 90 % de la construction de maisons particulières dans le pays. Un héritage de la conquête de l’Ouest, les pionniers ayant misé sur la construction en résineux pour se loger vite et à moindre coût. Une structure en pin brut de plusieurs étages avec charpente apparente signale le pavillon américain, démontrant un savoir-faire indéniable. À l'intérieur, une série de maquettes présente les avantages de la technique de construction, simple à mettre en œuvre, abordable et modulaire.
Quant au petit pavillon finlandais en bois signé Alvar Aalto, il abrite une exposition dédiée aux maisons en kit Puutalo. Conçu à l'origine pour les réfugiés de la Seconde Guerre mondiale, ce concept de logements d'urgence a essaimé dans plus de 30 pays. Certaines de ces maisons sont toujours habitées.
Architecture circulaire
Le pavillon japonais montre la voie vers l'architecture et le design circulaire et le réemploi des matériaux. On découvre une maison ordinaire des années 50 promise à la démolition, qui a été démantelée et reprend vie ici sous une autre forme, en réutilisant le maximum d'éléments pour bâtir un nouveau projet.
L'eau coule à flots dans le pavillon danois avec « Connectedness », une installation qui met en scène le cycle de l’eau. L’eau de pluie collectée en toiture circule dans tout le pavillon via un réseau de tuyaux. La pièce principale accueille un réservoir, que l'on traverse sur un ponton flottant. Rendue potable grâce à un filtre à sable, l'eau est stockée dans des citernes et arrose un jardin vertical de plantes aromatiques, ce qui permet de préparer des infusions aux visiteurs. Cette expérience sensorielle, à la fois poétique et militante, interroge le lien entre l'eau et l'habitat, à l'heure du réchauffement climatique. La question prend tout son sens à Venise, menacée par la montée des eaux.
Co-construction et co-living
Deux architectes norvégiens de l'agence Helen & Hard, spécialisée en architecture participative et opérations de cohabitation, sont à l'origine du projet « What we share. A model for cohousing ». Cette construction modulaire en bois massif local, a été réalisée selon un principe simple et innovant disponible en open-source, et en collaboration avec un groupe d'habitants. Le duo entend ainsi encourager l'auto-construction et de nouveaux modèles de communautés construites autour d'habitats partagés.
Autre exemple d'aventure collective autour de l'architecture, l'installation "Structures of Mutual Support", réalisée par le collectif Framework Collaborative pour le pavillon des Philippines. On y découvre l'expérience d'une communauté villageoise qui a décidé de construire une bibliothèque, de l'idée de départ au chantier de construction, en passant par les discussions entre les villageois et les inévitables conflits qui ont émaillé le projet.