Architecture et cinéma, un lien fusionnel

Architecture / Publié le 25 Août 2022

Dans le prolongement de la 79e Mostra de Venise, 4114 vous propose une dernière séance, pour célébrer les liens entre cinéma et architecture. Tour d'horizon de créations cinématographiques qui mettent en scène, subliment ou interrogent l’architecture de nos villes et de nos maisons.

Architecture et cinéma, un lien fusionnel
Thriller, film d'action, film historique ou de science-fiction, comédie romantique ou drame, quel que soit le genre de films, le 7e art ne saurait se passer de l'architecture. Elle permet de mettre en espace les intrigues et sert de repère spatio-temporel, ancrant les personnages et leur histoire dans un contexte géographique, historique et socio-économique donné. L'imbrication entre ces deux arts majeurs se traduit dans leurs champs lexicaux. Animés par la même passion pour l'image, la lumière et le mouvement, auteurs-réalisateurs et architectes partagent le même langage, comme en témoigne la similitude du vocabulaire technique qu'ils utilisent : maquette, plans, cadrages, point de vue, panorama, zoom, plongée et contre-plongée…
 

Quand l'architecture inspire les cinéastes

Pour situer l'action de Brazil (1985), chef d'œuvre de la science-fiction, le réalisateur Terry Gilliam choisit Les espaces d'Abraxas à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis). Créé par l'architecte Ricardo Bofill en 1982 dans le cadre du programme des Villes Nouvelles, cet ensemble résidentiel surréaliste mais bien réel (3 bâtiments, 600 logements) présente une architecture rétro-futuriste inspirée de l'Antiquité. Les lieux connus aussi bien des cinéphiles que des étudiants en architecture, ont accueilli bien d'autres longs-métrages, comme À mort l’arbitre ! De Jean-Pierre Mocky (1983) et plus récemment Hunger Games-La Révolte, de Francis Lawrence (2015).
 
Architecture et cinéma, un lien fusionnel
Les espaces d'Abraxas, Noisy-le-Grand
La filmographie des plus grands cinéastes regorge de déclarations d'amour aux plus belles villes du monde devenues des grands classiques du cinéma. Dans Manhattan, la caméra de Woody Allen révèle la beauté de l'architecture urbaine de New-York, sublimant Central Park, la skyline de Manhattan à l’aube, l’Empire State Building et le pont de Brooklyn... Dans le film italien La Dolce Vita réalisé par Federico Fellini, le patrimoine architectural de Rome est de tous les plans. La Fontaine de Trévi, l'un de ses monuments historiques les plus célèbres, donne au bain nocturne d'Anita Ekberg un relief particulier. Quant à Paris, le metteur en scène français Jean Jeunet lui a rendu le plus vibrant des hommages, en y tournant le Fabuleux destin d'Amélie Poulain.
 

Quand le cinéma critique la ville moderne

Parfois, l'architecture et la ville quittent le statut de simple décor pour devenir le sujet central du film. C'est le cas de Playtime réalisé par le cinéaste Jacques Tati en 1967, une critique en règle de l’architecture et de l’urbanisme moderne des Trente Glorieuses ! On y suit les mésaventures de Monsieur Hulot perdu dans un dédale de rues impersonnelles entre buildings de verre et ronds-points sans fin. Le film est une parodie hilarante de la standardisation urbaine dans le quartier de la Défense alors en construction. Pour l'occasion, Tati fera construire une ville-studio dessinée par l’architecte Eugène Roman. Par la suite, dans les années 90, les bâtiments brutalistes des banlieues françaises servent de décor à la dénonciation de la violence sociale qui règne dans les cités. Sorti en salles en 1995, La haine, film culte de Matthieu Kassovitz, sert de révélateur. Depuis, les immeubles et paysages des cités s'invitent régulièrement sur le grand écran. En témoigne le succès récent de Les Misérables (Ladj Ly, 2019) décrivant le quotidien des jeunes et des policiers dans les quartiers difficiles de Seine Saint-Denis.
Architecture et cinéma, un lien fusionnel Architecture et cinéma, un lien fusionnel

L'architecture comme symbole de la lutte des classes

Chef-d'œuvre majeur de l'histoire du cinéma, Métropolis réalisé par Fritz Lang (1927), reste la référence en matière de mise en scène de l'architecture comme reflet de la société. L'intrigue, située dans une mégapole à l'architecture futuriste, revisite la lutte des classes. En surface, des nantis vivent dans des demeures somptueuses et de fabuleux jardins, tandis qu'une masse de travailleurs à leur service vivent sous terre. Près d'un siècle plus tard, la thématique est reprise par le réalisateur sud-coréen Bong Joon-ho dans Parasite, immense succès distingué par les plus prestigieux jurys (Oscar du Meilleur film en 2020, Palme d'Or à Cannes’ 2019). Dans ce film, la maison d'architecte de la famille Park, lumineuse et épurée, modèle de confort, de sobriété et d'élégance, joue les premiers rôles. Elle symbolise la réussite sociale du couple, tandis que les escaliers sont une métaphore de la lutte des classes : il y a ceux qui vivent en haut (les Park) et leurs "serviteurs" (les Ki-taek), ces invisibles qui vivent en bas, dans la cave. Le saviez-vous ? Malgré les apparences, cette somptueuse villa contemporaine est une fausse maison : ce n'est en réalité qu'un plateau de cinéma, dessinée par le chef décorateur et construite de toutes pièces spécialement pour le tournage !
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