Architecture et BD, un dessein commun

Inspirations / Publié le 15 Mars 2022

Architectes et auteurs de BD ont en commun l'amour du dessin. À la veille de l'ouverture du festival de la BD d'Angoulême (17 au 20 mars 2022) et pour faire patienter les passionnés du genre, 4114 revient sur la place centrale de l'architecture et de la ville dans la bande dessinée, au travers d'albums cultes.

Architecture et BD, un dessein commun

Aux origines de la ville et de la BD

C'est en 1905, dans les colonnes du New York Herald, que Winsor McCay commence à publier la série Little Nemo in Slumberland, qui influencera des générations de bédéistes. Témoin du XXe siècle naissant et de la verticalisation des villes, McCay compose un paysage urbain onirique, fait de mobilier urbain d'inspiration Art Nouveau et de gratte-ciels vertigineux.
Aux origines de la ville et de la BD
C'est en 1905, dans les colonnes du New York Herald, que Winsor McCay commence à publier la série Little Nemo in Slumberland, qui influencera des générations de bédéistes. Témoin du XXe siècle naissant et de la verticalisation des villes, McCay compose un paysage urbain onirique, fait de mobilier urbain d'inspiration Art Nouveau et de gratte-ciels vertigineux.
Architecture et BD, un dessein commun
Little Nemo in Slumberland - d'après l'oeuvre de Winsor McCay

Super-héros, super-citadins

Premier des super-héros de comics américains, Superman, crée par Jerry Siegel et Joe Shuster, fait son apparition en 1938, suivi de près par Batman (premier album en 1940). Les personnages de DC Comics survolent des décors urbains inspirés de villes réelles, comme Toronto (Metropolis dans Spiderman), New York (Gotham City dans Batman) ou Las Vegas (Sin City). Viendront ensuite les séries Marvel dans les années 1960 avec une série de super-héros new-yorkais (Les quatre fantastiques, Spiderman, Iron Man…).
Architecture et BD, un dessein commun
Batman - Gotham city - d'après l'oeuvre de Bob Kane - Edition DC Comics

La ligne claire ou la BD "less is more"

Pendant ce temps, l’Europe des années 50 s'éveille à la modernité. C'est dans ce contexte qu'apparaissent Spirou et Tintin, inaugurant l’âge d’or de l'école belge, avec Hergé pour tête de file et la naissance du courant de 'La ligne claire'. Cette technique de dessin se caractérise par des contours noirs bien nets autour de chaque objet, l'absence d'ombres et de hachures et l'utilisation d'aplats de couleur. Un tracé sans fioriture, pour une plus grande lisibilité et clarté des formes. D'aucuns y voient l’influence du Bauhaus sur la BD : un graphisme simple et efficace tendance "less is more", au service du scénario.
Architecture et BD, un dessein commun
Spirou & Fantasio - d'après l'oeuvre de Franquin - Edition Dupuis
 

Les utopies urbaines en question

En 1983, Casterman publie le premier tome des Cités obscures réalisé par le duo belge François Schuiten/Benoît Peeters. La série est une référence en matière de représentation de la ville dans la BD. Chaque tome a pour cadre une cité imaginaire avec son ambiance et son style architectural propres, mêlant des édifices et des styles empruntés à la vie réelle (Paris et Bruxelles notamment) à des constructions imaginaires. La série met à mal les utopies urbaines du 20e siècle. Dans La Fièvre d'Urbicande, la cité est menacée par la croissance inexpliquée d’un cube, devenu un réseau qui détruit les infrastructures et l'ordre établi, tandis qu'à Mylos, ville dominée par un consortium industriel mafieux, les habitants sont aliénés par le travail.




Les cités obscures - d'après l'oeuvre de François Schuiten et Benoît Peeters - Edition Casterman
Architecture et BD, un dessein commun
 

Je n’ai pas la responsabilité des architectes. Je peux dessiner des villes épouvantables et effrayantes. (…) Si je dessinais la ville rêvée d’un architecte, il ne se passerait pas grand-chose, tout le monde serait heureux.

François Schuiten au magazine Usbek & Rica (2011)

La ville après l'apocalypse

Nourri par le culte du progrès et la conquête spatiale des années 1960-1970, le dessinateur français Mœbius (alias Jean Giraud, associé au scénariste Jodorowski) a mis en scène des villes futuristes angoissantes, théâtres de sociétés postapocalyptiques. En témoignent la cité verticale de l'album The Long Tomorrow ou la « Cité-Feu » de la série L’Incal, une métropole souterraine où la lumière vient des profondeurs de la Terre.

Dans Akira du Japonais Katsuhiro Otomo, pionnier du manga de science-fiction publié en 1982 devenu un classique du genre, l’action a pour cadre Neo-Tokyo, une mégalopole tentaculaire rongée par la corruption et hantée par des bandes de motards drogués. Le tout s'inscrit dans un futur proche, après que la ville de Tokyo a été ravagée par une explosion, déclenchant une 3e Guerre mondiale nucléaire.
 
Autre référence incontournable, la « Tétralogie du Monstre » d'Enki Bilal dépeint des villes ravagées par la violence. Une réminiscence de l'enfance de l'artiste, originaire de Belgrade, marqué par la guerre en ex-Yougoslavie des années 1990. A son arrivée à Paris, le jeune garçon visite la Tour Eiffel, qui lui inspirera sa vision "aérienne" de la ville. Ses vignettes peuplées de taxis volants et de personnages en hauteur, les perspectives en plongée ou en contre-plongée, accentuent le sentiment de verticalité et d’inhumanité.

Architecture et BD, un dessein commun
Tétralogie du Monstre - d'après l'oeuvre d'Enki Bilal - Edition Casterman

Quand la BD rend hommage aux architectes…

· L’aimant, de Lucas Harari (Éditions Sarbacane) :
un hymne aux Thermes de Valls, de Peter Zumthor

· Eileen Gray, Une maison sous le ciel, de Charlotte Malterre-Barthes et Zosia Dzierzawska (Éditions Dargaud) :
hommage à l'architecte de la villa E-1027 à Roquebrune-Cap-Martin, manifeste d'architecture moderniste.

· Charlotte Perriand, une architecte française au Japon, de Charles Berberian (Éditions Arte Editions / Chêne) :
quand la pionnière de l'art de vivre rencontre l'architecture du dépouillement.

Sources / Aller plus loin
L' interview vidéo de Benoit Peeters, où le scénariste des Cités obscures retrace l'histoire de la BD et ses rapports avec l'architecture, depuis sa naissance à la fin du 19e siècle. Érudit et passionnant. (Durée 26 mn).
espacescontemporains.ch/10-meilleurs-albums-de-bande-dessinees-qui-parlent-darchitecture/
histoiredelartai2.wordpress.com/2016/12/03/la-representation-de-la-ville-dans-la-bande-dessinee/
www.phylacterium.fr/?p=789
www.demainlaville.com/quand-la-bd-imagine-la-ville-du-futur-22

Laisser un commentaire

En soumettant le présent formulaire de contact, vous autorisez TECHNAL à utiliser les informations personnelles que vous avez saisies pour traiter votre demande. Pour en savoir plus sur nos engagements pour garantir l'intégrité et la sécurité des données personnelles de nos clients et partenaires nous vous invitons à consulter notre politique de confidentialité à partir du lien ci-après : https://www.technal.com/fr/fr/accueil-professionnels/mentions-legales/politique-de-confidentialite/

* Champs obligatoires

/ recevez le meilleur de l’actu 4114

Inscription réussie Echec de l'inscription