60's, entre futurisme & pop culture

Après-guerre, le béton brut, résistant, facile à mettre en œuvre et peu coûteux, s’impose comme le matériau idéal de la reconstruction. C’est le point de départ du Brutalisme, qui accompagnera l’essor des villes et de la classe moyenne durant les Trente Glorieuses, marquant l’architecture des années 60 et 70 de ses constructions massives. Précurseur du mouvement, Le Corbusier montre la voie dès 1952 avec la Cité radieuse à Marseille. Ses disciples Oscar Niemeyer et Lúcio Costa bâtissent Brasilia, inaugurée en avril 1960, tandis que le Brutalisme façonne les banlieues françaises. Ses formes monolithiques séduisent aussi les dirigeants de l’Est, qui y voient un moyen d’exalter la puissance du communisme. Autre tendance éphémère mais marquante : les maisons à bulle, à mi-chemin entre habitats primitifs et bâtiments futuristes, inspirées par la conquête spatiale, perdureront dans la littérature et le cinéma (Barpapa, Star Wars...)

Les années 60 voient un vent de liberté souffler sur la jeunesse, bien décidée à faire table rase du passé. Bercée par la musique des Beatles, la vague yéyés et les substances hallucinogènes, elle bouscule l’establishment, teste des modes de vie alternatifs en rêvant de lendemains qui chantent. Ce terreau fertile voit naître le Pop-Art, art populaire anti conformiste et ironique qui met en scène des objets du quotidien et des personnages de comics, avec Andy Warhol pour chef de file. Coté déco, le plastique ouvre de nouvelles possibilités. Le mobilier bon marché fabriqué à la chaîne envahit les foyers : tabouret Tam-Tam, Panton Chair, chaise filaire et pouf Sacco en forme de poire. Les couleurs sont vives et optimistes (jaune, orange, style Mondrian), les motifs géométriques ou ronds.

La mode, elle aussi, se réinvente. Le prêt-à-porter supplante la haute couture, le Swinging London éclipse Paris. Symboles de l’évolution des mœurs, la mini-jupe de Mary Quant, le collant, le pantalon et le bikini révolutionnent le vestiaire féminin. La conquête spatiale inspire le « Space Age » à Courrèges qui consacre le plastique et les matières synthétiques métallisées, bientôt déclinés par la jeune garde (Cardin, Paco Rabanne, Ungaro, Saint-Laurent...).